C’était tard le soir, une jeune brunette ne parvenait pas à dormir. Elle était revenue d’une dernière mission assignée par le leader de la Milice, Starlight. Cette mission, elle ne voulait pas réellement la réussir, ni spécialement l’accomplir, mais pour sa couverture, il le fallait. Il fallait que tout le monde la croit, sinon, elle ne pourrait avancer dans son plan, ni vue, ni connue. Il lui fallait effectivement être discrète, la plus discrète possible. Malheureusement pour elle, il lui fallait ainsi faire croire qu’elle réussissait les missions parce qu’elle y mettait du sien, parce qu’elle travaillait sérieusement. Si elle était faible, comment pourrait-elle monter en échelon et faire en sorte de n’être jamais surveillée, d’avoir un peu de leste ? Oui, elle avait réfléchit à tout. Elle réfléchissait toujours à tout. Elle ne faisait pas les choses à moitié. Est-ce qu’elle pensait en ce moment avoir la confiance de tout le monde ? Non. Elle savait bien que ce Starlight ne lui faisait pas vraiment confiance. D’un autre côté, elle le savait bien, si elle avait été enrôlée dans la Milice, c’était non seulement de force, mais en plus et surtout parce qu’on avait besoin de ses capacités. Elle savait que si elle était inutile ou bien trop faible, jamais elle n’aurait été emmenée ainsi de force dans les rangs de la Milice. En songeant à tout cela, Roxanne réalisait qu’elle avait plusieurs moyens pour s’échapper et qu’elle devait continuer ainsi, sur cette lancée, pour pouvoir s’enfuir de cette mauvaise mascarade. Et si Starlight était ingénieux et se méfiait sans doute de tout le monde, cela faisait déjà bien longtemps que la jeune Orlov avait compris le manège de cet homme. Et ce dès son premier jour dans la Milice.

Elle finit par s’endormir, après avoir été tourmentée par un tas de songes. Elle songea non seulement à sa famille disparue, famille décimée par des personnes dont elle ne connait même pas l’identité. Le meurtrier a toujours été inconnu à la demoiselle. Jamais on ne pensa à lui dire la vérité. Pourquoi ? Parce que personne ne le sait. C’est ce qu’elle espère. Il serait bien pire d’apprendre que certaines personnes le savent et ne lui disent rien. Il serait bien plus dur de digérer cela que de se dire que personne ne le savait. Mais en plus, elle songea évidemment à son grand frère, le seul homme qu’elle adorait plus que tout au monde. Ce jeune homme lui manquait comme jamais. Elle se sentait seule, peut-être parce qu’elle n’avait plus du tout de famille, mais d’autant plus parce qu’elle ne peut plus lui parler, comme elle le faisait en secret, en cachette, le soir alors que ses parents la sommaient de se coucher et de dormir. Cette vie paisible est bien loin d’elle désormais. Elle n’a plus rien la raccrochant au bonheur, à cette sensation. Mais ça allait aller de mal en pis. Ayant enfin passé la nuit à dormir, elle s’était réveillée aux aurores, pour ne pas changer depuis son arrivée dans la Milice. On l’avait habituée à se réveiller très tôt, et parfois même avant que le soleil ne montre quelques-uns de ses rayons. Et heureusement qu’elle s’était levée si tôt et s’était douchée tout aussi vite, parce qu’elle eut une visite des plus ennuyantes très tôt dans la matinée. On lui apprit qu’elle était convoquée par un membre du personnel proche de sa majesté. Elle se présenta alors au lieu dit pour écouter ce qu’on avait à lui dire de si important. Alors qu’elle s’attendait plutôt à une nouvelle mission, bien qu’étonnamment désignée par quelqu’un d’autre que Starlight, on lui apprit une nouvelle bien plus bouleversante. Elle allait devoir se marier avec un homme qui était devenu officiellement son fiancé ?

C’était à n’y rien comprendre… Comment pouvait-on décider même cela à la place de la demoiselle ? Si elle voulait l’épouser ? Bien évidemment que non ! Elle avait toujours été contre ces mariages arrangés et croyait qu’ils n’étaient mis à exécution que dans les familles aisées et de haut rang. Alors pourquoi cela la concernait soudainement ? Pourquoi cela tombait sur elle ? Vraiment, elle ne parvenait pas à réaliser qu’une telle chose lui arrivait et sans raison apparente. On lui indiqua de plus qu’il s’agissait d’un noble, d’une personne hautement et bien placée, ainsi, elle ne pourrait refuser une telle chose. Elle devait s’écraser ? Elle devait laisser faire une telle chose ? Elle ne pourrait laisser une telle chose se dérouler. Elle ne pourrait admettre d’épouser quelqu’un qu’elle n’aime pas et ce simplement parce qu’on lui disait que c’était les ordres. Elle ne pouvait discuter les ordres, elle le savait. Et elle ne pouvait risquer de tout gâcher à présent alors qu’elle était trop proche du but qu’elle s’était fixé. Que devait-elle faire, alors ? Si elle décidait maintenant de refuser un tel évènement, elle risquait de se faire mal voir et d’être surveillée bien plus que prévu. Mais si elle acceptait, elle devrait faire croire à une telle supercherie, et surtout, faire croire qu’elle ferait tout pour faire plaisir à cet homme et se forcer à devenir heureuse à ses côtés. Elle détestait cette idée-même, mais elle avait déjà fait son choix. Elle devait continuer avec ce masque. Elle devait accepter, même faussement, ce mariage et continuer son plan, améliorer son plan, accélérer son plan. Elle n’allait pas pouvoir attendre le jour du mariage pour s’échapper. Ce jour-là, ce serait bien trop tard. Mais en attendant, elle accepta face à cet homme, d’un sourire tout aussi faux que d’habitude et s’inclina poliment.


Désormais, la demoiselle était fiancée à cet homme, alors qu’elle n’en avait envie. Elle savait également que le jour s’approchait où elle devrait faire sa rencontre. Savoir à quoi cet homme ressemblait lui importait bien peu. Elle se moquait de savoir s’il était beau ou non, le fait qu’il soit riche voulait déjà tout dire pour la demoiselle. Elle savait qu’il devait être de ces nobles prétentieux ne jurant que par l’argent et le pouvoir qu’ils pouvaient avoir avec cet argent. Et rien qu’à cette idée, elle se voulait se montrer à nouveau justicière dirons-nous, un peu secrète, voire très secrète. Mais à quoi cela servirait ? Tant qu’elle était dans les griffes de la Milice, elle ne pouvait rien faire de plus que de se contenter de regarder sagement et faussement contente de ce qu’elle avait. Elle devait également faire la belle devant cet homme, qu’il soit content de son choix et qu’il ne la regrette pas, jusqu’au moment décisif ou elle les quitterait, tous autant qu’ils soient. Elle n’allait plus jamais les voir. A cette idée, la demoiselle sourit, alors qu’elle retournait dans sa demeure, pour ainsi dire, puisqu’elle habitait dans une demeure qu’on avait spécialement choisie pour elle, depuis qu’elle avait dû quitter sa demeure familiale à la mort de ses parents et de son frère, donc, depuis qu’elle était orpheline. De retour dans cette demeure, elle ne pensait plus qu’à une chose, peaufiner son plan et enfin pouvoir partir et s’échapper de l’emprise de la Milice. Mais elle voyait ce rêve s’obscurcir avec cette nouvelle ayant peur que cela ne soit qu’un moyen de plus pour la surveiller. A croire qu’ils avaient trouvé le moyen suprême pour l’emprisonner dans cette cage dorée. Elle n’était plus désormais qu’un oiseau enfermé dans une richesse et une beauté superficielle, une beauté qui la dégoûtait toujours plus de jour en jour. Oui, elle se rendait compte qu’il lui fallait au plus vite trouver la clef de cette cage pour s’envoler enfin librement. Mais y arriverait-elle assez vite ?


Sur ces mots, elle s'allongea et ferma les yeux, sans pour autant s'endormir.